Voici un texte qui a été porté à ma connaissance dernièrement dans lequel je me retrouve fort bien en tant que voyageuse moi-même mais aussi en tant qu'accompagnante, de guide ou peut-être seulement en tant qu'interprète dans ce pays méconnu que l'on souhaite traverser: la découverte de soi.
Venez avec vos valises et décollons!
"L'aide psychologique peut être considérée comme un accompagnement, l'accompagnement d'une personne qui part en voyage, sans qu'elle ne sache jusqu'où ira ce voyage, ni combien de temps ce voyage va durer.
Ce voyage va pas conséquent être une aventure pour l'aidant comme pour l'aidé.
Cependant l'aventure, quoique commune, sera différente pour chacun.
Lorsque l'aidé part en voyage, il ne connaît pas l'itinéraire qu'il va suivre et n'a qu'une vague idée de sa destination.
Si le but du voyage est le mieux être, la personne n'a pas d'idée précise en général de ce dont ce mieux est fait.
Ce voyage va être celui du voyage intérieur ; voyage au centre de soi pour ceux qui vont le plus loin.
Au départ cela va souvent être commencer par me distinguer, me différencier des autres puis, petit à petit, faire ma connaissance, m'approcher de moi-même.
Je vais alors me trouver dans le vague et dans l'inconnu, ne plus pouvoir me fier aveuglément à mes anciens repères et ne pas en avoir déjà de nouveaux, les miens, à ma disposition, auxquels je puisse me fier.
Cela va remettre en cause ce que je crois être, ce que je pense être, ce que je dis que je suis et ce que les autres disent que je suis.
Et ce changement (le "je veux que ça change" et le "je veux changer") que j'ai tant voulu va me faire peur. Ce voyage qui avait l'air si plein de promesses va devenir quelque chose de déstabilisant, d'inquiétant.
Inquiétant parce que je sais qu'il va être semé d'embûches, je vais aussi me mettre à avoir peur ; peur d'avoir à renoncer à ce que j'aime en moi, à ce qui a de la valeur en moi, et pour moi, à ce qui a fait le sens de ma vie jusqu'à maintenant, et de me retrouver là, les mains vides, sans plus rien de "bien".
Peur aussi de découvrir, d'avoir à découvrir malgré moi, des aspects de moi que je préfèrerais ignorer, voire de découvrir des aspects de moi que je vais trouver monstrueux.
Je vais alors peut-être perdre de vue ce que ce voyage pourra comporter de découvertes agréables et joyeuses, des "bonnes surprises" que la connaissance de moi me réserve.
Alors ce voyage va peut-être me paraître au-dessus de mes forces ou ne pas en "valoir le coup".
Peut-être aussi que cette peur va devenir paralysante et plus forte que mon désir de partir en voyage.
Peut-être aussi que je vais me dire que je vais pouvoir l'effectuer, ou au moins essayer, si je n'ai pas à tout affronter seul ; si j'ai un compagnon de voyage. (…)"
Catherine GALLARD septembre 1994
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